L'effroyable aventure de Mademoiselle de Kerckove, future Madame d'Audiffrédy (1775)
Arnaud, Jay, Jouy et Norvins, Biographie nouvelle des contemporains, dictionnaire (Paris, 1820)
AUDIFFREDY (Madame d') née Thérèse de Kerkove, nouvelle Hélène, mais non encore mariée, et bien moins tendre que la belle Grecque, vit une guerre civile prête à s'allumer par l'effet de ses charmes, et se trouvant placée dans des circonstances assez singulières dont un auteur de roman saurait bien tirer parti, et qui ne sont peut-être pas indignes de l'Histoire. Née à la Guyane, d'une des plus anciennes familles établies dans cette colonie, où l'un de ses ancêtres s'était réfugié après la révocation de l'Edit de Nantes [détail inexact], elle fut envoyée en France dès l'âge de six ans. Elevée dans un couvent de Bordeaux, elle en sortit à dix-huit ans et s'embarqua, en 1775, pour retourner à Cayenne, sur un bateau appelé l'EQUITE : sa jeune sur l'accompagnait.
Le capitaine du vaisseau, nommé Vincent, homme ardent et grossier, témoigna, d'une manière impétueuse et brutale à Mademoiselle de Kerkove l'impression que sa jeunesse et sa beauté avaient faites sur lui. La longueur de la traversée, qui dura cinq mois, ajoutait encore au désagrément d'une pareille situation. Mais le même navire portait plusieurs officiers de la marine française, et, entre autres, Sonnini, qui depuis est devenu l'un des continuateurs de Buffon ; ils la protégèrent contre les menaces et les tentatives du capitaine. On aime à retrouver, au milieu des mers, loin des habitudes de la société, cette loyauté, cette délicatesse et cette bravoure, caractère de la jeunesse française. Grâce à ses défenseurs, Mademoiselle de Kerkove arriva heureusement à Cayenne, où elle épousa, quinze jours après, M. d'Audiffredy, chevalier de Saint-Louis et ancien officier d'infanterie, auquel sa main était promise.
Devenue, par ce mariage, l'une des plus riches propriétaires de Cayenne, ce fut cette dame qui prodigua des soins si généreux à Pichegru et à d'autres déportés du 18 fructidor